Habitue ton système nerveux à vivre dans la paix plutôt que dans le chaos
Une notion importante à laquelle on ne pense pas toujours en premier : l’accoutumance au stress.
N’avez-vous pas remarqué comme vous avez avez des amis “à qui tout réussit”, et d’autres “à qui tout arrive de pire” ?
Il n’y a pas, en vérité, de malchanceux, de besogneux naturels, il y a des personnes qui vivent en mode survie, et d’autres non, tout simplement.
Il y a des personnes dont le cerveau devient addict au stress, sans qu’ils le sachent, sans qu’ils le sentent venir, ils vivent en mode survie quotidiennement, et ainsi endommagent leurs fonctions vitales qui sont en alerte 24/24.
Dans cette roue infernale, ils subissent les pires assauts, et attirent à eux les pires situations parce que leur corps et leur esprit en redemande : de l’aventure, de l’action !
Parce que tout au fond d’eux, ils pensent que c’est cela qui les rend vivant.
Alors ils deviennent, de jour en jour, complètement drogués à l’adrénaline et au cortisol.
Ces amis ont souvent des douleurs inexpliquées et d’une grande violence, on leur diagnostique des maladies auto-immunes à 18 ans, des maladies inflammatoires sur lesquelles aucune molécule n’a de pouvoir, ils ont des sautes d’humeur, des troubles d’insomnie et une acidité grandissante. Tout cela pour une seule raison : le stress.
Le stress qui emporte tout avec lui, ce ras de marée dévastateur, on l’accuse rarement assez tôt.
Aussi parce que l’on se dit toujours que cela n’arrive qu’à “ces amis”, surtout pas à nous !
À la question “êtes vous stressé ?” Nous répondons tous “Pas plus qu’un autre, non.”
Mais nous n’avons pas regardé notre jambe tremblante dix minutes avant dans le bus, à l’approche du rendez-vous médical que l’on craignait, les dents qui se serraient lorsqu’une personne s’asseyait à côté de nous en ayant un air louche, nous n’avons pas compté le nombre de pensées nous disant que peut-être notre thérapeute allait nous trouver une faille, une maladie grave, et nous ne faisons plus attention à nos achats compulsifs dès que le travail reprend, à nos envies de sucre dès que notre conjoint nous importune, à notre psoriasis sur le pli du coude, à nos reflux gastriques tous les dimanches soirs. Nous ne faisons plus attention à ces signaux qui sont devenus des habitudes. Nous n’avons pas écouté ce que le corps nous criait chaque jour, à chaque heure. Nous nous disons que nous n’avons pas de crises d’anxiété, nous n’avons pas de maladie, nous ne nous grattons pas le crâne jusqu’au sang comme notre grande tante déprimée, alors nous ne sommes pas stressés, nous allons très bien, et surtout, ne rien dire d’alarmant à notre thérapeute, qui irait nous trouver des problèmes là où, à part tous ces symptômes, ma foi, tout va pour le mieux.
Tout réside dans “à part ces symptômes”. Parce qu’il y en a, pour nous tous, quotidiennement, et pourtant ce que l’on entend dans les cabinets est “mis à part mon immunité défaillante, mes crises d’eczéma, mes reflux gastriques, mes crises de foie mensuelles, mes réveils nocturnes entre 2h et 3h et mes cycles irréguliers, tout va bien !”
Nous nous sommes habitués à vivre dans le chaos, pensant que c’était un chaos sain, qui touche 90% de la population, que nous n’avons pas à nous plaindre face à ceux qui ont eu trois cancers à 40 ans, “on touche du bois”, comme on dit, et tout ira.
Sans comprendre que ce chaos sain est sûrement la première cause de cancer, que “tout ira” est la formule secrète pour dire qu’on ne veut pas aller regarder là où cela ne va pas du tout, et nous vivons avec notre chaos intérieur comme dans une prison dorée, où tout semble rose, où l’on n’a pas besoin de justifier nos états anxieux, on les excuse, on les oublie, on les remplace. “On est comme tout le monde, on n’est pas plus, on n’est pas moins stressé, on n’a rien de mal.”
L’humain a ce besoin complexe d’être à la fois comme les autres, de se sentir en sécurité dans la masse humaine, mais aussi de se sentir spécial de temps à autre. “Non, moi je n’ai jamais eu une seule grippe de ma vie”, quand il voit rôtir sous la fièvre tous ses amis le 24 au soir. Sans comprendre qu’il n’est pas sain non plus de ne jamais être malade, que cela veut sûrement signifier que son organisme est tellement sollicité qu’il ne peut même pas s’occuper d’un virus, il est déjà trop occupé à survivre à cause de la clope et du joint quotidiens. Alors sous cet amas de toxines, il se dit qu’il est un choisi de Dieu, parce que pour lui “tout roule”, même s’il peut pas se lever le matin sans deux cafés et trois clopes.
Ce chaos intérieur, on se le construit très insidieusement, cela se tisse de jour en jour, d’heure en heure, cela commence par notre mère qui nous dit qu’on doit être à la hauteur pour tel dîner, puis pour telle épreuve scolaire, puis de plaire à papa, puis de plaire à maman, puis de cesser de manger pour rentrer dans notre jean de nos 16 ans, puis d’être plus dégourdi, et enfin c’est nous qui nous répétons ça, qui reproduisons les habitudes de nos parents : trois clopes le matin, dix le soir quand on se souvient qu’on n’a pas fait les études dont on rêvait. Enfin on reproduit tout ce que l’on abhorre : on a les mêmes tocs qu’eux, qu’on ne voit pas sur nous, on dit ces mêmes choses désobligeantes à ceux qu’on aime, et là, on a créé notre chaos intérieur.